«Légalisons le cannabis», affirme le président de la Colombie

Juan Manuel Santos discute avec Métro des efforts que fait son pays pour lutter contre la drogue Le président colombien est ouvert à la légalisation de la drogue si cette mesure peut faire cesser la violence...



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Le président colombien est ouvert à la légalisation de la drogue douce si cette mesure peut faire cesser la violence... et si la communauté internationale est d’accord.



Un des plus grands combattants anti-drogue de la planète appelle le monde à être plus dur. Juan Manuel Santos souhaite que les leaders mondiaux adoptent une approche plus musclée et plus coordonnée pour contrer le trafic de drogues et la consommation de dr­o­gues dures, comme la cocaïne et l’héroïne. Dans un entretien exclusif avec Métro, M. Santos affirme aussi que la légalisation des drogues douces, com­me le cannabis, pourrait être un pas en avant, si elle est globale.

«Le monde doit débattre de nouvelles stratégies. Notre approche face au trafic de la drogue est quasiment la même depuis 40 ans. Nous devons voir plus de coopé­ration et d’engagement, pas seulement en Amérique latine, mais aussi en Europe et aux États-Unis. Il y a une tendance, aux États-Unis et en Europe, à négliger l’importance du trafic et à ré­duire notre efficacité à le contrer, dit M. Santos à Métro. Nous devons insister pour que des actions plus multilatérales soient entreprises contre les trafics et pour qu’on trouve de nouvelles façons d’y faire face.»  

Est-ce que la légalisation des drogues douces peut être un pas en avant? «Oui, cela peut être une réponse, à condition que tout le monde le fasse en même temps», répond M. Santos. Quand on lui demande s’il soutiendrait une telle action, il réplique : «Si le monde entier le fait, oui.» Mais quelqu’un doit bien faire le premier pas, non? «Oui, et ce ne sera pas moi... Ici, en Colombie, c’est une question de sécurité nationale. Le trafic de drogue finance la violence et les groupes rebelles dans notre pays. Je me ferais crucifier si je faisais le premier pas», rétorque M. Santos.

Combattre le trafic de la drogue et les cartels qui inondent le monde de cocaïne et d’autres drogues figure en haut de la liste des priorités de M. Santos depuis des an­nées. La Colombie a gagné la bataille sur le plan national, mais les cartels et les gangs ont déplacé leurs activités vers les autres pays de la région. 

«Nous sommes probablement le pays qui a le plus souffert de cette criminalité et de ses conséquences : violence, crimes économiques, meurtres. Nous exportons maintenant nos méthodes en matière de lutte contre les cartels et le trafic de drogue chez nos voisins : au Mexique, en Amérique centrale et dans les Caraïbes.»

«Nous devons discuter d’une nouvelle approche, qui tiendrait compte de toutes les composantes : les profits et la criminalité qui découlent du trafic, la lutte contre le blanchiment d’argent sale, le commerce des armes, etc. Ce sont là les effets du commerce de la drogue, et nous devons considérer plusieurs approches et nous entendre sur celles-ci à l’international», dit M. Santos.

«Dans notre pays, cela représente un problème de sécurité nationale. Dans les pays occidentaux, c’est plus des questions de criminalité et de santé publique. Nous devons regarder toutes les possibilités, dont une serait de cibler les avoirs de ce commerce. Mais nous devons le faire à l’échelle internationale.»  

La guerre de la Colombie contre les cartels a fait d’importants progrès ces 20 dernières années. L’assassinat du célèbre baron de la drogue de Medellín Pablo Escobar en 1993 et l’arrestation et la condamnation des frères Rodríguez Orejuela – fondateurs du cartel de Cali –, ont permis de démanteler des cartels puissants, ce qui a   entraîné une baisse de la violence liée aux narcotrafic qui faisait rage dans le pays.

M. Santos espère que le monde parvienne ainsi à écrire une histoire qui finisse bien.



Source:MetroMontreal

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