Le cannabis "fort" interdit dans les coffee shops néerlandais

LA HAYE — Le gouvernement néerlandais a annoncé vendredi l'interdiction de la vente du cannabis dit "fort", une mesure jugée "ridicule" par les propriétaires des coffee shops qui réclament la légalisation de la culture de cette plante.

"Nous considérons le cannabis avec une teneur en THC supérieure à 15% comme une drogue dure présentant des risques inacceptables" pour la santé, a déclaré le vice-Premier ministre néerlandais et ministre des Affaires économiques Maxime Verhagen, lors d'une conférence de presse à La Haye.

L'intensité des effets "psychoactifs" du cannabis dépend de sa concentration en THC, selon l'Institut Trimbos, auteur d'un rapport utilisé par le gouvernement néerlandais.

Environ 80% du cannabis vendu en 2010 dans les coffee shops des Pays-Bas avait une concentration en THC supérieure à 15%, selon cet institut, la concentration moyenne se situant aux alentours de 16,5%.

L'interdiction devrait entrer en vigueur en mars-avril 2012, le temps que la modification de la loi soit adoptée, a précisé à l'AFP Martin Bruinsma, un porte-parole du ministère néerlandais de la Justice.

La possession, la consommation et la vente au détail de moins de cinq grammes de cannabis, dans quelque 670 coffee shops, sont tolérées aux Pays-Bas depuis 1976. Mais la culture et la vente en gros, contrôlées par des groupes criminels, sont, elles, interdites.

"C'est ridicule d'imposer des normes alors que la culture du cannabis est encore illégale", s'emporte Marc Josemans, président de l'association des coffee shops de Maastricht (sud-est) et propriétaire de l'"Easy Going", un des 14 coffee shops de la ville.

"Si le gouvernement veut imposer un contrôle sur le cannabis, nous trouvons cela très bien, mais alors il faut un contrôle à la source, et cela passe par une légalisation de la culture", explique-t-il.

Trente mille à 42.000 plantations illégales de cannabis existeraient aux Pays-Bas, selon la police, qui estime que la vente en gros de cette drogue rapporte chaque année 2 à 5 milliards d'euros aux groupes criminels.

"De plus, nous pensons que le client est assez intelligent pour savoir ce qu'il veut", poursuit M. Josemans : "s'il veut moins de THC, il achète du cannabis avec moins de THC, et c'est tout".

"Avec l'alcool c'est pareil, assure-t-il, quand on va au bar, on peut choisir entre une bière et un whisky".

La mesure annoncée vendredi est perçue par M. Josemans comme une nouvelle tentative du gouvernement de mettre un frein au commerce du cannabis aux Pays-Bas, "une nouvelle excuse pour pouvoir fermer des coffee shops".

Les municipalités auront la possibilité d'ordonner la fermeture de coffee shops vendant du cannabis "fort", une sanction qui pourra s'ajouter à d'éventuelles procédures judiciaires, selon le ministère de la Justice.

Confronté aux nuisances occasionnées par les millions d'étrangers qui viennent s'approvisionner en cannabis, le gouvernement néerlandais est en train de plancher sur une "carte cannabis", réservée aux résidents des Pays-Bas et obligatoire pour entrer dans l'un des coffee shops du pays.

Pour remédier à ce problème, la ville de Maastricht a de son côté décidé de déplacer vers sa banlieue trois de ses coffee shops à partir de 2013. La municipalité espère de la sorte que les touristes de la drogue resteront en dehors de la ville et n'y provoqueront plus de nuisances.

Source:AFP

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