Plantation et production de cannabis

Au pays de l’or vert

Pendant plusieurs années, le seul revenu d’Anna provenait de la culture du cannabis.

Claire Gaillard

Anna a 30 ans et travaille à temps plein pour la même compagnie depuis 3 ans. Elle vit une relation amoureuse stable et est entourée d’amis fiables. Son entourage a pourtant toujours pensé qu’elle ne mènerait jamais cette vie «normale». Pendant plusieurs années, le seul revenu d’Anna provenait de la culture du cannabis.

À chaque nouvelle récolte, Anna part travailler dans différents coins du Québec.

Selon la taille de la récolte, on restait de 2 à 5 jours. Il y a des gens de vraiment tous les milieux, de tous les âges. Il y avait même un comptable qui arrangeait mes impôts pour que tout soit officiellement correct. Le transport et les repas étaient fournis et l’on dormait où on pouvait sur place. Je gagnais environ 150 $ par jour, raconte-t-elle.

Son employeur la prend sous son aile pour lui apprendre à faire pousser elle-même, jusqu’à ce qu’un conflit interrompe leur coopération. Elle a ensuite commencé à trimer pour un autre. À deux reprises, Anna se voit confier une maison de pousse. Elle y vivra, éloignée de la ville et sans voiture, jusqu’à ce que la place devienne chaude.

La première fois, le propriétaire réclamait de plus en plus d’argent pour se taire. Mais ça a été pour le mieux: le lendemain du déménagement, la police est venue.

La fois suivante, elle est interpellée par les autorités au moment où elle déménage ses affaires personnelles. Elle décide de retourner récupérer la totalité du stock et du matériel la nuit même. Elle explique que cultiver du pot implique surtout de changer tout son mode de vie.

L’isolement est difficile, surtout au début. En plus, il faut que tu mentes à tout le monde, sauf à ton entourage très proche. Tu dois t’inventer une vie et être cohérente dans tes histoires. Je vivais dans une très belle maison mais je ne pouvais recevoir personne, soit pour garder le secret, soit pour ne pas risquer de leur créer des problèmes.

Elle a aussi dû apprendre à gérer l’argent autrement.

Ton nom vaut rien pour les banques, tu peux faire ni prêt ni gros dépôt. Ta paye, c’est une épaisse liasse de billets. Je les cachais. Il fallait toujours que j’aille dans un dépanneur différent pour pas attirer les soupçons.

Anna rencontre ensuite quelqu’un qui veut acheter son propre entrepôt. Elle s’associe au projet.

Ça m’a coûté environ 15 000 $ sur nos premières ventes. Ensuite, on faisait nos propres profits et on a commencé à embaucher des employés. On payait aussi quelqu’un pour utiliser son nom sur le contrat de propriété.

Elle se rend quotidiennement sur place comme si elle avait un emploi traditionnel. Un jour où il n’y avait personne, la plantation est découverte par la police.

Le gars dont on utilisait le nom a bien essayé de me soutirer plus d’argent sous peine de me dénoncer, mais je n’ai pas cédé.

Consciente qu’elle a failli se faire prendre trois fois d’affilée, Anna décide de raccrocher. «Je voulais pas pousser ma luck. J’ai pris ma retraite. J’ai vécu un temps sur mon cash puis je suis retournée à l’école.» Elle a alors 24 ans. Aujourd’hui, Anna se félicite de s’être si rapidement construit une vie plus traditionnelle quand personne ne l’en croyait capable.

Source:PaperBlog

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